Comment un designer sonore portugais vivant à Lisbonne se retrouve-t-il à Gand ? 
 
Hugo Pereira : « L’histoire commence en 2006, à Lisbonne. À l’occasion d’un concert, j’ai rencontré des Belges qui m’ont invité à passer des vacances chez eux. J’ai accepté leur proposition et, en peu de temps, je me suis fait pas mal d’amis belges. J’ai aussi ressenti une véritable connexion avec la ville de Gand. De nombreuses personnalités créatives vivent dans cette ville, et j’ai vite été sur la même longueur d’onde. Je me sentais comme chez moi ici, et après deux ans j’ai déménagé définitivement à Gand. »
 
Que fait un designer sonore ?
 
Hugo Pereira : « Mon job principal consiste à créer des sons pour des studios de cinéma, de télévision ou d’animation. Et pour cela, je travaille de différentes façons. Parfois je reçois les sons directement d’un studio, comme le bruit d’une rivière. Et je l’améliore pour que le spectateur ait vraiment l’impression de se trouver au milieu d’une rivière. Parfois j’utilise aussi des instruments de musique. Je joue un son sur ma guitare, je le transforme à l’ordinateur et je l’utilise dans une scène. Si je ne trouve pas le son que je recherche, il m’arrive d’aller me balader dans la nature. Armé d’un micro géant, je pars à la recherche d’un son précis. Je me balade en forêt et j’affûte mes oreilles. Comme un chien de chasse. Quand on trouve ce que l’on cherche, et que l’on comprend sa valeur ajoutée pour un enregistrement... Ça fait grimper l’adrénaline ».

 

Dus de stap naar hoortoestellen was vrij snel gezet?

“Niet echt. Toen ik merkte dat ik slechter begon te horen, praatte ik erover met een familielid die ook gehoorproblemen had gehad. Een operatie was voor hem de oplossing gebleken, en ik ging ervan uit dat het voor mij ook wel zo zou gaan. Maar nee, de specialist zei me dat mijn gehoorproblemen erfelijk bepaald waren en dat een operatie niks zou uithalen. Ik hoopte dat dat niet zo was. Een paar jaar later ging ik te rade bij een andere specialist, maar die vertelde me exact hetzelfde. Ik kreeg het advies om hoortoestellen te kopen. Ik dacht terug aan mijn grootmoeder, die inderdaad ook hardhorig was, en hoortoestellen droeg. Ze prutste er voortdurend aan, waardoor die dingen begonnen te fluiten als gek. Iedereen kon het horen! Het was dus met gemengde gevoelens dat ik uiteindelijk een Lapperre-hoorcentrum binnenstapte.”

"Un designer sonore connaît tous les appareils sur le plan technique, mais se consacre à la partie créative du son"

Vous travaillez uniquement pour des studios de cinéma ?
 
Hugo Pereira : « Non je travaille aussi pour des agences publicitaires. Mes sons se retrouvent dans des spots publicitaires, des documentaires ou même des petits films pour les réseaux sociaux. Je constate que j’ai de plus en plus de missions pour l’univers du numérique. Un glissement important est en train de s’opérer. »
Est-ce qu’un designer sonore fait la même chose qu’un technicien du son ?
 
Hugo Pereira : « Non, ce sont deux métiers complètement différents. Un technicien du son - comme son nom l’indique - est essentiellement calé en technique. C’est un spécialiste qui connaît tout sur les micros, les amplis ou les haut-parleurs. Un designer sonore connaît tous les appareils sur le plan technique, mais se consacre à la partie créative du son. Je connais bien la différence parce que j’ai une formation dans les deux domaines. J’ai commencé comme technicien du son, mais je suis vite arrivé à la conclusion que ce n’était pas fait pour moi. Je voulais créer quelque chose de nouveau et travailler sur les sons de manière créative. D’où mon choix pour une formation complémentaire en design sonore. »
 
Y a-t-il des productions auxquelles vous avez participé qui sont connues du grand public ?
 
Hugo Pereira : « Si vous avez récemment assisté au Festival des Lumières à Gand, vous êtes certainement passé devant l’installation « Go for launch ». Il s’agit d’une fusée lancée grâce à la puissance de la lumière et du son. C’est moi qui ai réalisé le design sonore. Quand j’ai vu comment les visiteurs réagissaient au mélange de son et de lumière, j’ai réalisé une nouvelle fois l’impact que peut avoir le design sonore sur les émotions des spectateurs. » 
 
Quels sont les défis auxquels vous êtes confronté ?
 
Hugo Pereira : « Il y a deux choses qui rendent parfois mon travail difficile. Tout d’abord, les délais qui sont particulièrement serrés. Pour une grosse production, on travaille avec des budgets importants, et le temps c’est de l’argent. Mon rythme de travail est donc soutenu, et il est nécessaire pour cela d’avoir un planning bien ficelé. Ensuite je dois parfois lutter contre une fatigue auditive. Je suis plongé toute la journée dans toutes sortes de sons, et quelques fois mes oreilles s’épuisent. Je dois alors m’arrêter et mettre mes oreilles au repos. »
 
Le 3 mars sera la journée internationale de l’audition. Cette année, le thème sera la prévention. Que faites-vous pour protéger vos oreilles ?
 
Hugo Pereira : « Mon audition est très importante et essentielle dans mon métier. Je veille à la protéger en mixant tous les sons à faible volume. Ce n’est pas parce qu’un son est puissant que l’on va mieux l’entendre, au contraire. Si vous regardez le niveau sonore de mon casque, vous verrez qu’il est au minimum. Je ne peux pas imaginer avoir des problèmes d’audition. Ce serait une catastrophe. »
 
Pour terminer, quel est votre plus grand rêve en tant que designer sonore ?
 
Hugo Pereira : « La question est facile ! J’adorerais réaliser le design sonore d’un film de Steven Spielberg pour lequel John Williams écrirait la musique. C’est lui qui a écrit la bande originale d’E.T., des Dents de la mer, de Jurassic Park, et de bien d’autres encore. John Williams et Steven Spielberg sont indissociables. Si je réalisais le design sonore, je travaillerais avec ces deux géants. Et ce serait un immense honneur ! »